Après les jeunes, les vieux font leurs malles

Bien qu'en léger recul l'année dernière, le nombre de retraités français installés à l'étranger est un phénomène croissant sur le long terme. En 2022, selon les chiffres de la Cnav, ils étaient 1,1 million à s'être expatriés, soit 8% des 13,7 millions de pensionnés affiliés au régime général, En 2013, ils étaient 1,27 sur un total de 13,5 millions (Les Échos), soit 9,4 %. Quand bien même, le montant moyen de la pension ne dépasse pas les 284 €, cela représente tout de même 3,8 milliards € par an, 3 % du total des prestations retraite versées par le régime général en 2021 (Ouest France) – et une perte équivalente pour l'économie française. Le fait nouveau dans le phénomène, bien que pas encore mesuré, est la part croissante des Français dans ces expatriation. Avec l'âge, les consommateurs font de plus en plus appel aux services à la personne, comme le relevait déjà l'Insse dans une note de 2012. Ils deviennent des employeurs.

Dans son édition du 12 juillet 2023, Le Parisien, notait que : "La différence de qualité des soins entre la France et ses voisins du sud n'apparait plus aussi importante que par le passé." Les "voisins du sud" ne sont pas les seuls à profiter de la dégradation de l'offre de soins de la France : l'Inde, la Thaïlande, la Corée, la Turquie, voire l'Arabie Saoudite ou le Pakistan se sont créés de solides réputations et profitent déjà d'un "tourisme médical". Les assureurs ne s'y sont pas trompés, qui multiplient déjà les offres à destination de cette cible.

En s'accentuant, car il n'y a aucune raison à ce qu'elle s'inverse, cette tendance viendra accentuer un autre phénomène : faute de trouver dans l'hexagone des débouchés à la hauteur de leurs ambitions et de leurs diplômes, les étudiants vont terminer leurs études à l'étranger ou saisissent les bourses des laboratoires et centres de recherches étrangers. Comme pour leurs aînés, peu d'entre eux reviennent, autant de manque à gagner pour la France qui voit ses concurrents bénéficier d'un savoir qu'elle a financé. Les Échos voyait dans cette fuite des cerveaux la conséquence d'une perte de confiance des jeunes en l'avenir de leur pays : 49 % se disaient optimistes, en 2017 ; ils n'étaient plus que 45 % l'année suivante !  Le baromètre "confiance en l'avenir des jeunes", réalisé par BVA et le magazine L’Étudiant en mai 2023, confirme cette dégradation : ils sont 59 % à déclarer craindre pour leur avenir.

À négliger hier ses jeunes, aujourd'hui ses vieux, la France se prive des forces qui pourraient faire sa richesse de demain et de celles qui ont fait sa richesse d'hier.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Votre calendrier 2025 sous le signe du Mekong

Le guide du roublard : le livre qui tient la route

1974-2024. L'Amour au temps des œillets rouges