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SARL : salauds à responsabilité limitée

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L'Insolente de Kaboul n'est pas le récit d'une Afghane "lambda", mais celui d'une fille de bonne famille qui – contrairement à l'immense majorité des Afghans – a eu les moyens de fuir pendant l'occupation soviétique de son pays. Celui d'une jeune fille qui a eu les moyens de s'insérer dans son pays d'accueil – la France. Son diplôme de l'ESA (une école de commerce parisienne) Chékéba Hachemi, c'est son nom, s'investit au côté d'Ahmed Chah, alias Massoud, chef des moudjahidines. Elle s'impose vite comme un interlocuteur incontournable des "témoins" ou "curieux" qui ont trouvé dans le drame afghan une raison, si ce n'est un moyen, d'exister. Hormis une brève rencontre poignante avec une femme dans le déni, berçant son enfant mort, le quotidien afghan dont l'ouvrage se veut le témoin, passe par le filtre du regard de ce qu'il faut bien appeler une bourgeoise qui de surcroit, quand bien m...

Arrêt sur image, ou comment la Chine m'a fait photographe

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 Texte paru dans le numéro 59 (Automne / Hiver 2009) de la revue du Pen Club International Le temps virait doucement à l'automne et, bientôt, le vent de Sibérie soufflerait sur Pékin les premières gelées. J'avais découvert la capitale chinoise dix ans plus tôt, à la même saison, et conservais des Pékinois l'image d'hommes et de femmes emmitouflés dans des manteaux de laine bon marché, pédalant au ralenti dans le froid à travers un dédale de hutong vers leurs misérables logis. Pékin était encore une ville silencieuse couchée au pied de sa Cité interdite et livrée aux cyclistes. Les clients ne se bousculaient pas aux étals des boutiques d'État, trois ou quatre pas plus, ouvertes sur Wang Fujin, une rue poussiéreuse et mal éclairée. Un ciel pâle et brumeux glissait sur les toits de tuiles jusque dans les faubourgs, jamais très loin. Une route à deux voies trouée de nids de poule mais bordée par une double rangée d'arbres traversait la campagne pour relier le cent...

Votre mère a 100 ans… que le temps passe vite, hier encore…

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23 décembre 1924. J'imagine le froid de canard dans cette Lorraine où mon grand-père avait émigré un quart de siècle plus tôt, depuis Gussola, petit village de la plaine du Po en Lombardie, pour vendre ses bras de paysan aux Wendel, les maîtres de la Silicose Valley. Le Luigi arrivait dans une région alors annexée à l'empire allemand, tout frais sorti de l'adolescence. À peine installé, le petit Rital trouva le moyen de se faire virer de son logement pour avoir engrossé la fille de sa logeuse ! Une rumeur que je n'ai pas vérifiée, prétend qu'il fut vite veuf d'un premier mariage. Après cette entrée fracassante dans la vie, et une fois la Première Guerre mondiale passée, il retourna au bled prendre femme. Ce sera la Delia dont toute la tribu – les Capra – avait déjà migré à la frontière franco-luxembourgeoise, dans l'agglomération de Longwy. Hayange est alors un bassin d'emplois. Wendel mettait à la disposition de ses ouvriers des corons à la périphérie d...

Le guide du roublard : le livre qui tient la route

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    C'est un peu tôt pour publier des "Œuvres complètes". Non ? Non, pourquoi ? Il faut savoir tourner les pages au bon moment. Le voyage tel que je l'ai pratiqué devient de moins en moins praticable et puis le centre de ma vie s'est déplacé vers ce à quoi j'ai toujours aspiré : la famille. Le temps est donc venu de me poser et, éventuellement, de transmettre le peu que ces années de vagabondages m'ont appris. Justement, on a l'impression en lisant cet ensemble de textes, que le voyage, plutôt que de t'ouvrir, t'a replié sur toi-même. Je me trompe ? Sûrement, mais c'est aussi l'une des fonctions principale du voyage : il t'isole en te coupant des milieux que tu quittes sans pour autant te permettre d'intégrer réellement ceux que tu rencontres. L'étranger n'est jamais totalement accepté ; c'est vrai d'une province à l'autre, alors imagine d'un pays à l'autre ! Le voyageur ne peut compter sur personne...

Votre calendrier 2025 sous le signe du Mekong

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L'association Œil pour Œil propose un calendrier mural au format 21 x 42 cm composé de 14 images (format 21 x 30 cm) tirées de l'exposition En remontant le Mékong   Plus joli que celui de La Poste et moins cher que celui des pompiers   L'exemplaire est à 18 € • 15 € l'ex. par deux (+ frais de port) 12 € l'ex. par cinq (port inclus) À ce prix-là, aucune raison de ne pas l'offrir !  Les commandes sont à adresser à Œil pour Œil par courrier : 6, rue de la Basse-Cour (45150 Jargeau) ou par courriel : odv.assos@gmail.com règlement par chèque, virement ou Paypal   Optimisé par     Le bénéfice de cette opération sera intégralement réinvesti dans la production de nouveaux tirages. Œil pour Œil compte sur vous   Et à ceux qui se demandent pourquoi Œil pour Œil ? Tout simplement parce qu'un œil averti en vaut deux    

Comment la France a « définitivement » perdu l'Algérie

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« On a tous en nous, quelque chose de l'Algérie Ah que c'était vraiment un beau pays… l'Algérie » Johnny Halliday   Lorsque les délégations algérienne et française se séparent à l’Hôtel du Parc d’Évian-les-Bains, en ce 18 mars 1962, elles sont sûres l'une comme l'autre d'avoir conclu une bonne affaire. Les premiers en pensant avoir arraché leur indépendance, les seconds persuadés d'avoir conservé la haute main sur ce territoire riche en hydrocarbures. Elles ne se doutent pas une seule seconde, l’une comme l’autre, qu’elles ont tort, que ces accords n’ont rien du divorce par consentement mutuel attendu ou souhaité et que la mascarade à laquelle elles se sont livrées va leur pourrir la vie pendant des décennies.  La France refusant de parler de « guerre », mais d'une simple « opération de maintien de l'ordre » ne parlera donc jamais de « paix » ni d’« armistice ». Et pour cause ! Ce que les deux belligérants ont signé au terme de huit années d’une ...

Ne renoncez pas aux voyages !

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Faut-il voyager ? Et d'abord : voyage-t-on ? Qu'est-ce que le voyage et voyager ? Sans toutefois répondre à ces questions, Juliette Morice les analyse méticuleusement dans un essai passionnant, qui de surcroit nous épargne les incontournables "écrivains-voyageurs" des temps modernes, qui monopolisent les tables des libraires et les micros des médias. Bien que  Renoncer aux voyages se lise d'une traite, ce livre laisse le lecteur sur sa faim. La question n'est peut-être pas de savoir ce qu'est "un vrai voyage" ou "un vrai voyageur", par opposition à un touriste pur produit de la société de consommation, mais l'importance du voyage. Car après l'acte de manger, de boire, de dormir et de se reproduire, avant même d'avoir développé la parole, l'être humain a taillé la route. Pour trouver sa pitance, bien sûr, mais aussi une partenaire avec laquelle se reproduire, car l'homme de Cro-Magnon pompon a tout de suite compris ...