Moi, président !
Les électeurs ne s'en rendent pas compte, mais la campagne bat son plein à l'image de ce qu'est devenu le débat politique: des attaques personnelles en lieu et place de la confrontation des points de vues, des idées, des propositions. C'est le comble de l'entre-soi : les hommes politiques parlent des hommes politiques. Ça ne fait pas une émission sur Radio Londres !
L'état de délabrement de la France est tel et les enjeux pour la redresser si nombreux qu'il ne serait pas difficile de faire quelques propositions pour mettre tout le monde d'accord et ramener vers les urnes les millions d'abstentionnistes que chaque scrutin convainc d'être la septième roue du carrosse.
Commençons par la nécessaire bataille du rail, dont aucune politique écologique ne saurait faire l'économie. La dérive ultralibérale de la société à fait du train le mode de transport des riches. Et les bétaillères low cost ne donneront pas le change : il est aujourd'hui plus économique de prendre l'avion ou la voiture que le bon vieux chemin de fer. Pourtant, le train a prix abordable a longtemps existé et emporté des dizaines de millions de voyageurs. C'est même lui qui a financé les TGV aujourd'hui présentés comme responsables de la faillite du système !
Il suffirait, pour soutenir l'effort écologique et faire de la protection de l'environnement autre chose qu'un slogan, remettre en place une grille tarifaire qui n'ait pas le profit pour seul horizon.
Car de l'argent… il y en a : 1,3 milliard d'euros de bénéfices en 2023, 2,4 milliards d'euros de bénéfices en 2024. 156 millions de voyageurs sur les lignes TGV… Seuls les chiffres comptent. Une grille tarifaire incitative ne nuirait pas au budget, bien au contraire. Imaginons un tarif au kilomètre, comme cela existait jusqu'au début des années 80 : 0,08 € / km sur les TER (trajets inférieurs à 150 kilomètres) ; 0,09 € / km sur les intercités (trajets de 150 à 300 kilomètres) et 0,10 € / km sur les TGV. En guise de bonne volonté, acceptons une augmentation de 10 % des tarifs les fins de semaine, les jours fériés et les vacances d'été. Les voyageurs pourraient ainsi de rendre de Paris à Nice pour moins de 68 €, de Paris à Montpellier pour moins de 60 €, sans être obligés de réserver trois mois à l'avance ! Un Paris-Orléans coûterait environ 9 €, un Paris-Amiens 11 € ! Voilà une excellente raison de laisser sa voiture au garage, de prendre un bon bouquin et d'en finir avec les bouchons !
Le manque à gagner, si manque à gagner il y a, serait largement comblé par le développement du ferroutage, comme la Suisse l'a organisé. Les sociétés de poids-lourds (le parc français compte plus de 620.000 véhicules ; auquel il faut ajouter ceux des pays voisins) versent des milliards d'euros aux péages d'autoroutes construites sur des fonds publics et gérées par des concessionnaires privés qui margent à 30 % (contre 3 % pour la SNCF).
Autre mesure, très facilement réalisable et tout autant écologique : le traitement des ordures ménagères. Nombreux le constatent : la taxe d'ordure ménagère payée par tous en fonction de la surface de l'habitation et du nombre d'occupants est peu à peu remplacée par une redevance calculée au poids. Ce système favorise naturellement les déchetteries sauvages, voire la proliférations des rats lorsque les sacs poubelles s'accumulent au pieds des bennes à l'accès contrôlé par des cartes !
Qui empêche la mise en place de composteurs à l'échelle des communes ou groupements de communes, sur le modèle des incinérateurs de déchets ? Le compost produit serait revendu alentour à vil prix : aux agriculteurs du coin, s'il y en a, mais également à tous ceux qui cultivent jardins et potagers, que ce soit sur leur propre terrain ou sur ceux mis à leur disposition par les municipalité. Et d'ailleurs, pourquoi ne pas inviter ces maraîchers en herbe à écouler leur production, une fois par semaine, sur un marché ? Rien n'empêcherait d'étendre l'expérience à ceux qui, à l'élevage des radis et des haricots, préfèrent planter des poules et auraient plaisir à proposer œufs et poulets. Ce jour-là, la mairie offrirait le café, celui qui voudrait s'essayer devant un public sortirait sa guitare et les auteurs du cru pourraient même venir y présenter leur prose. Réinventons la foire d'antan ! Le merlan d'un hameau voisin viendrait avec une chaise et accrocherait au pilier de la halle un miroir sur lequel il aurait écrit de sa plus belle écriture et sans faute : "Aujourd'hui, je rase gratis !" (Faut bien qu'elle vienne de quelque part cette expression… Merde, alors !)
La solution du problème ne se trouve pas dans une guère en Ukraine, en Corée ou dans le détroit de Formose. Elle se trouve dans notre capacité à développer des circuits courts et à y faire circuler l'argent. C'est exactement le contraire de ce qui est proposé. Il faudrait juste pour retrouver le chemin du bonheur et de l'harmonie un peu de ce que l'on appelait vers la fin du XXe siècle de la "volonté politique" et ne pas avoir peur de retrousser ses manches. Et ça aurait une autre gueule que de qualifier Macron de facho – ce qu'il est, comme chacun a pu s'en rendre compte depuis sept ans.
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