Brulez tout. Pour l'honneur de la police

Je pourrais me contenter d'une simple phrase : un livre écrit par un flic pour les flics. Mais ce serait trop simple. D'un point de vue littéraire, Brûlez tout n'est pas un "mauvais bouquin". Il y a même, dans le traitement de la relation entre Sacha et Yannick, quelque chose de bouleversant que l'on ne s'attend pas à trouver dans un polar, surtout un polar écrit par un flic. Le livre lui-même se lit plutôt facilement, si ce n'était tous ces sigles dont on devine le sens, mais qui n'apportent rien. On a compris que Molmy* connaît la maison, il y a fait carrière et le jargon qu'il use ad nauseam fini par relever du private joke dont le lecteur se sent vite exclu. 

La trame de l'histoire n'est pas très compliquée et l'on comprend tout de suite que les affaires sont toutes en rapport les unes avec les autres. Ce qui est dérangeant dans ce livre… c'est le fond politique qui, tout en s'apparentant à une "absence" de fond n'en manque pourtant pas. Sacha et son équipe traquent un agitateur dissimulé sous le pseudonyme de Watchmen. Lui et ses copains ne sont pas là pour rigoler, Ils se sont promis de renverser l'ordre établi et utilise pour réaliser leur dessein tout ce que le système a produit : des nouvelles technologies à la dés-instruction en passant par la précarité qui l'accompagne.

Il y avait là matière à une analyse socio-politique intéressante à côté de laquelle Molmy passe sans un coup d'œil, tant il est formaté par son milieu. L'opposition à l'ordre établi ? Juste de la gauchiasse, complotistes et consorts. Point-barre. Ce n'est donc pas en lisant Brûlez tout que l'on peut comprendre comment la police en est arrivée à devenir le dernier rempart d'un pouvoir discrédité et ses représentants haïs. C'est un bon bouquin à lire le soir avant de s'endormir. Oui, c'est ça : il endort. 

* Ancien chef de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) Christophe Molmy a dirigé l'assaut contre l'Hyper Casher de Saint-Mandé, dans lequel s'était retranché Amedy Coulibaly (9 janvier 2015) et participé dix mois plus tard à celui contre le Bataclan (13 novembre 2015). 

Brulez tout, de Christophe Molmy, prix du Quai des Orfèvres 2026, est publié chez Fayard  

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