L'esprit colonial. Une valeur sûre, qui résiste au temps

Vivian Hamy a eu la bonne idée de remettre Léon Werth au goût du jour. Antimilitariste notoire, anticolonialiste avéré, Léon Werth s'est est allé en Cochinchine, comme s'appelait le Viêt-nam au temps béni des colonies, répondant à une invitation de l'avocat Paul Monin – à qui Werth dédie le récit de son voyage, qu'il publiera l'année suivante sous le titre Cochinchine . Paul Monin – un type dont les idées le range à l'extrême-droite de l'échiquier politique – ce qui ne l'empêchera pas d'être un véritable humaniste – lui fera rencontrer Nguyên An-ninh patron de La Cloche fêlée , journal nationaliste pour ne pas dire indépendantiste, dans lequel l'intellectuel vietnamien écrit, en 1925 (il a alors 25 ans) : Nguyên An-ninh « Ce qu’il nous faut, ce n’est pas des imitations serviles qui, loin de nous libérer, nous attachent à ceux que nous imitons. Il nous faut des créations personnelles jaillies de notre sang même ou œuvres d’une réaction qui s’est ...