Articles

Journal d’un prisonnier, de Nicolas Sarkozy

Il ne fallait pas passer à côté de ce coup d’édition autant que médiatique. Fort heureusement, ces 216 pages ne demandent pas trop d’effort. Le texte est d’un niveau collège, voir collège -. Sa publication nous confirme la fracture béante entre la classe politique et la société qu’elle prétend représenter. Dès les premières pages, Nicolas Sarkozy se dit surpris de se découvrir haï. Et on peut le comprendre : comment est-ce Dieu possible, alors qu’il ne peut pas faire un pas dans le XVIe arrondissement de Paris, à Neuilly et même au Parc-des-Princes sans être acclamé ! La première impression que laisse le livre du prisonnier 320535, c’est le décalage abyssal entre cet homme et la réalité. Le livre aurait pu s’intituler : à la découverte de la vraie vie ! Quand bien même François Hollande a fait oublier Sarko et Macron Hollande, Nicolas Sarkozy restera le petit roquet arrogant qui aura fait de l’intolérance sa marque de fabrique et des paillettes son seul plaisir. Cont...

François Ruffin : J'ai un projet !

Image
C'est l'histoire de Jo-Jo et Fan-Fan. Jo-Jo aime Fan-Fan, éperdument ; mais Fan-Fan n'aime Jo-Jo que modérément. Aussi Jo-Jo est très malheureuse et elle pleure souvent, ce qui a le don d'agacer Fan-Fan. C'est un peu le ton du bouquin, qui fait glousser de plaisir les chroniqueurs d'extrême-droite (1). Fan-Fan, lui, a d'autres soucis. Depuis longtemps, tout petit peut-être, il a "un projet" en tout cas des ambitions, ce que (pour l'instant) Jo-Jo n'a pas. Chez les Picards, car l'histoire se passe en Picardie, c'est maladif semble-t-il : ils ont tous un projêeeet ! L'inconscient de Jo-Jo lui souffle qu'elle ne peut épouser l'un sans épouser l'autre (façon de parler). Ça tombe bien, elle ne sait pas trop comment s'occuper et adhère aux idées du Picard à 200 %, aussi s'engage-t-elle à corps perdu (c'est le cas de le dire) dans l'aventure de Fan-Fan. Derrière l'obsession de se faire aimer, que Jo-Jo n...

Brulez tout. Pour l'honneur de la police

Image
Je pourrais me contenter d'une simple phrase : un livre écrit par un flic pour les flics. Mais ce serait trop simple. D'un point de vue littéraire,  Brûlez tout  n'est pas un "mauvais bouquin". Il y a même, dans le traitement de la relation entre Sacha et Yannick, quelque chose de bouleversant que l'on ne s'attend pas à trouver dans un polar, surtout un polar écrit par un flic. Le livre lui-même se lit plutôt facilement, si ce n'était tous ces sigles dont on devine le sens, mais qui n'apportent rien. On a compris que Molmy* connaît la maison, il y a fait carrière et le jargon qu'il use ad nauseam fini par relever du private joke dont le lecteur se sent vite exclu.  La trame de l'histoire n'est pas très compliquée et l'on comprend tout de suite que les affaires sont toutes en rapport les unes avec les autres. Ce qui est dérangeant dans ce livre… c'est le fond politique qui, tout en s'apparentant à une "absence" de...

Nouvelles vagabondes ou l'illusion des rencontres, de Julien Leblay

Image
Disons-le tout de go : c'est long… mais c'est frais, vivifiant, en un mot : c'est bon et ça ne manque pas d'humour, avec toutes ses imperfections.  Il y a une quinzaine d'années, Julien Leblay s'est lancé un défi : rallier les volcans d'Auvergne à la Nouvelle-Zélande, en vélo. Pour ajouter une difficulté, il s'impose un délai : arriver à destination pour assister à la coupe du monde de Rugby. Et comme si cela ne suffisait pas : il ne part pas seul, mais avec Marion, sa cadette de cinq ans, rencontrée quelques années plus tôt, et dont il est follement amoureux, on s'en doute. Le tableau serait encore incomplet si l'on oubliait de préciser que Leblay s'est offert un pneumothorax à la sortie de l'adolescence et, sans une intervention médicale extrêmement gourmande en sang, il ne serait ni sur les pédales ni ne s'endormirait dans les bras de Marion. Alors, bien sûr, derrière ce voyage, il y a un projet humanitaire : promouvoir le don du s...

Retour à Fès

Image
Tout comme on ne se baigne jamais dans les mêmes eaux, on ne revient jamais dans la même ville. On ne retrouve ni ce que l'on a quitté ni ce que l'on a été. Tant pis si regarder d'un œil neuf procure parfois une certaine douleur.  Fès ! Je ne connaîtrais jamais la ville qu'elle fut, au début des années cinquante, lorsque mes parents s'y installèrent. Tous deux militaires, ils trouvèrent à se loger rue du Commandant-Kropos devenue rue Mohammed-Zerktouni, à deux pas de l'église Saint-François-d'Assise et de ce qui devait être un des centres du pouvoir colonial dans lequel, depuis, s'est établi le consulat de France. Ils logeaient probablement dans l'une des deux bâtisses en piteux état à cinquante mètres du carrefour où se dresse aujourd'hui un immeuble flambant neuf.   rue Mohammed Zerktouni   Deux ans plus tard, ils emménagèrent un peu plus loin, route de L'Aviation qui, comme son nom l'indique menait à la base sur laquelle travaillait mo...

La culture du low cost

Image
L'affaire est pliée ! Le débat clos ! La marchandise pesée ! Il aura fallu quarante ans pour que le Low Cost et ce qu'il charrie s'impose comme la norme. Tout avait commencé, comme toujours, par une bonne intention. Peu après son élection à la présidence de la République et pour s'affirmer en homme de gauche (ce qui était loin d'être évident quand on arrive comme lui de Vichy), François Mitterrand avait décidé de soutenir la réinsertion sur le marché du travail de jeunes en rupture. Ce n'est pas Pierre Mauroy, son Premier ministre socialiste, mais son successeur, l'énarchiste Laurent Fabius qui mettra en place les Travaux d'utilités collectives, les fameux TUC, ancêtre des "emplois aidés" (contrats de qualification, puis de professionnalisation…). Outre qu'ils réserveront à ceux qui en bénéficièrent une désagréable surprise en fin de carrière (ils ne rentreront pas dans le calcul des retraites) les TUC auront surtout aidé à supprimer les g...

Facebook m'a tuer

Image
La désactivation définitive de mon compte Facebook, le 9 juillet 2025, est l'aboutissement d'une traque dont je fais l'objet sur la toile depuis cinq ans. Il y a quelques jours, j'avais bien remarqué qu'un tiers s'était immiscé dans mon espace duquel il envoyait des "messages inappropriés" sur la toile. C'est au moment où je m'apprêtais à changer le mot de passe que le couperet est tombé. Tout s'est instantanément bloqué. Impossible de récupérer quoi que ce soit ; le mot de passe n'est plus reconnu, sur le profil comme sur le compte Messenger ! il s'agit manifestement de la conséquence d'une intrusion, car je ne veux pas croire que Mark Zuckerberg m'ait banni pour avoir mis en lien l'interview d'Hassan Nasrallah, réalisée il y a plus de vingt-cinq ans, et publiée ici-même le 21 juin dernier, neuf mois après sa mort. Mais l'on ne peut jurer de rien et, comme dans Le Procès , de Kafka, je ne sais pas de quoi Face...