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Ma rencontre avec Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah

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Donald Trump s’est donné deux semaines pour décider si oui ou non, il entre en guerre frontale avec l’Iran. Tant de prudence chez lui mérite d’être souligné. Dans l’entretien qu’il m’accordait, en mars 1999, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, abattu le 27 septembre 2024, identifiait sans détour les États-Unis comme l’ennemi principal : « La vérité c’est que, aujourd’hui, le territoire libanais est occupé par des chars et des véhicules américains ; le peuple libanais est agressé par des avions américains, bombardé par des roquettes américaines. Le tout sur des financements américains. Seuls les soldats et les officiers sont israéliens. Cela veut donc dire que, en vérité, notre ennemi est américain. Et un ennemi ne peut pas parrainer une paix. Les Américains ne peuvent pas être juge et partie. Quand ils renonceront à appuyer Israël, ils pourront prétendre participer, avec les pays et les gouvernements de la région, au règlement des conflits du Proche-Orient....

Charles Palant et les "Malheureux crétins"

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C'est bien connu : «Le temps qui efface tout, n'efface pas le souvenir.» Maman avait fait graver dans le marbre cette pensée et l'avait déposée sur la tombe de Papa. Il y a des flashs comme ça !  Je revois encore Charles Palant debout sur le balcon du deuxième étage du 120 rue Saint-Denis à Paris. L'appartement, qui abritait le siège du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la Paix (le Mrap) avait été en partie soufflé par une explosion, deux jours plus tôt ; attentat revendiqué par un obscur "groupe peiper" qui ne mérite même pas une majuscule. C'était à l'été 1977, joachim peiper avait été abattu quelques semaines plus tôt, à Traves en Bourgogne, où il coulait depuis 1972 une retraite paisible. Ancien officier SS, peiper avait été condamné à mort, en 1946 ; peine commuée en trente-cinq années de détention. Il avait finalement été libéré au bout de dix ans, en 1956. Charles Palant, debout sur le balcon du Mrap, le regard grave, écou...

Pierre Berville : la pompe à fric

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Le bouquin démarre plutôt bien*. C'est l'histoire d'un mec (Pierre Berville) plutôt sympathique (on ne dit plus décontracté du gland). L'action se situe dans les années 70s. Un vent de liberté souffle sur le pays depuis que, dans la foulée de la révolte estudiantine de mai 1968, les Français eurent fait voler en éclat le carcan patriarcal incarné par le général. On croise beaucoup de monde. En fait, on ne croise pas tant de monde que ça tant le monde de la pub a érigé l'entre-soi en vertu cardinale ! Berville nous décrit l'univers de la pub comme une bande de copains… Il en oublie que le lecteur n'en fait pas partie et sa plume ne cherche pas à l'associer à l'histoire. Ça devient vite lassant.  Confiné dans un rôle de spectateur, le lecteur observe ce petit monde qui n'a d'yeux que pour le fric. Pourquoi se prendre la tête nous dit en substance Berville lorsque je peux me remplir les poches en me pointant à l'agence à 11 h un bon pétard d...

Mon Producteur, de Thierry Clech

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Mon Producteur . J'étais curieux de savoir ce qui se cachait derrière un titre aussi mauvais ! Autant le dire tout de suite, je n'ai pas été déçu, me suis même régalé. Le livre, écrit à chaud, ou plutôt à froid, retrace une partie de la vie de Thierry de Ganay, à travers la collaboration entre ce producteur de cinéma et Thierry Clech qu'il employa comme scénariste sur plusieurs projets. C'est donc le récit intimiste d'une relation, entrepris au lendemain de la mort de Ganay, dont on sent assez vite qu'elle déborde du cadre professionnel. Il y a Thierry et Thierry, comme il y eut Dupond et Dupont… Les deux hommes se fréquentent pendant une quinzaine d'années. Clech n'a pas une grande passion pour le cinéma, mais quand même, il a fait ses classes aux Cahiers – ce n'est donc pas n'importe qui… Pour ceux qui ne le savent pas, Les Cahiers du cinéma furent le vivier qui accoucha de la Nouvelle Vague, ce courant des années soixante porté par les Godar...

Chroniques de la décadence – 01

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Mais quelle galère pour trouver à se loger ! Qu'est-ce qui peut bien nourrir la paranoïa des bailleurs ? Le premier peigne-cul venu vous ordonne dans un français parfois approximatif de produire vos deux derniers avis d'imposition, trois derniers bulletins de salaire, la carte vitale, le carnet de santé… Le carnet de santé !!! Parce que le mec est médecin ? Ah, il n'y a plus de secret médical ! et pour certains : un extrait de casier judiciaire ! Le casier judiciaire !!! Ben oui, quoi ? Et comme si cela ne suffisait pas… il vous faut également un garant. Ah vous n'avez pas de garant ? "Pas de garant, pas de lolo", qui vaut bien le : "Pas de cul-cul pas de toto" des années 70s ! Il faut "rassurer" le bailleur, "sécuriser" son "dossier" explique sur son site l'Agence nationale d'information sur le logement (Anil). Pour trouver un logement, il ne suffit pas, comme pour un boulot, de traverser la rue ! Il faut montre...

L'odeur de la guerre, de Julie Duval

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L'odeur de la guerre est ce mélange de sueur et de camphre propre aux salles de boxe. L'effort et la douleur réunis en une fragrance repoussante pour les non-initiés, mais qui permet de mesurer le degré d'effort, avant la douche.  Écrit et interprété par Julie Duval, L'Odeur de la guerre est une pièce en un acte d'une heure quinze durant laquelle l'auteur incarne tous les personnages, se donnant la réplique dans le même souffle sans jamais que sa langue ne chourfe : le père, la mère, les copines, la sœur, le coach… et à chaque fois avec l'intonation juste de ceux qui n'ont pas fréquenté longtemps les bancs de l'école.  L'Odeur de la guerre est l'histoire d'une jeune femme qui se cherche en refusant un modèle social trop étroit pour sa soif de vivre. Enchaînant les coups de poing, les coups de pied et les répliques percutantes, Julie Duval se fraye un chemin dans l'univers impitoyable d'un monde qui lui a appris très tôt qu'...

SARL : salauds à responsabilité limitée

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L'Insolente de Kaboul n'est pas le récit d'une Afghane "lambda", mais celui d'une fille de bonne famille qui – contrairement à l'immense majorité des Afghans – a eu les moyens de fuir pendant l'occupation soviétique de son pays. Celui d'une jeune fille qui a eu les moyens de s'insérer dans son pays d'accueil – la France. Son diplôme de l'ESA (une école de commerce parisienne) Chékéba Hachemi, c'est son nom, s'investit au côté d'Ahmed Chah, alias Massoud, chef des moudjahidines. Elle s'impose vite comme un interlocuteur incontournable des "témoins" ou "curieux" qui ont trouvé dans le drame afghan une raison, si ce n'est un moyen, d'exister. Hormis une brève rencontre poignante avec une femme dans le déni, berçant son enfant mort, le quotidien afghan dont l'ouvrage se veut le témoin, passe par le filtre du regard de ce qu'il faut bien appeler une bourgeoise qui de surcroit, quand bien m...