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Retour à Fès

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Tout comme on ne se baigne jamais dans les mêmes eaux, on ne revient jamais dans la même ville. On ne retrouve ni ce que l'on a quitté ni ce que l'on a été. Tant pis si regarder d'un œil neuf procure parfois une certaine douleur.  Fès ! Je ne connaîtrais jamais la ville qu'elle fut, au début des années cinquante, lorsque mes parents s'y installèrent. Tous deux militaires, ils trouvèrent à se loger rue du Commandant-Kropos devenue rue Mohammed-Zerktouni, à deux pas de l'église Saint-François-d'Assise et de ce qui devait être un des centres du pouvoir colonial dans lequel, depuis, s'est établi le consulat de France. Ils logeaient probablement dans l'une des deux bâtisses en piteux état à cinquante mètres du carrefour où se dresse aujourd'hui un immeuble flambant neuf.   rue Mohammed Zerktouni   Deux ans plus tard, ils emménagèrent un peu plus loin, route de L'Aviation qui, comme son nom l'indique menait à la base sur laquelle travaillait mo...

La culture du low cost

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L'affaire est pliée ! Le débat clos ! La marchandise pesée ! Il aura fallu quarante ans pour que le Low Cost et ce qu'il charrie s'impose comme la norme. Tout avait commencé, comme toujours, par une bonne intention. Peu après son élection à la présidence de la République et pour s'affirmer en homme de gauche (ce qui était loin d'être évident quand on arrive comme lui de Vichy), François Mitterrand avait décidé de soutenir la réinsertion sur le marché du travail de jeunes en rupture. Ce n'est pas Pierre Mauroy, son Premier ministre socialiste, mais son successeur, l'énarchiste Laurent Fabius qui mettra en place les Travaux d'utilités collectives, les fameux TUC, ancêtre des "emplois aidés" (contrats de qualification, puis de professionnalisation…). Outre qu'ils réserveront à ceux qui en bénéficièrent une désagréable surprise en fin de carrière (ils ne rentreront pas dans le calcul des retraites) les TUC auront surtout aidé à supprimer les g...

Facebook m'a tuer

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La désactivation définitive de mon compte Facebook, le 9 juillet 2025, est l'aboutissement d'une traque dont je fais l'objet sur la toile depuis cinq ans. Il y a quelques jours, j'avais bien remarqué qu'un tiers s'était immiscé dans mon espace duquel il envoyait des "messages inappropriés" sur la toile. C'est au moment où je m'apprêtais à changer le mot de passe que le couperet est tombé. Tout s'est instantanément bloqué. Impossible de récupérer quoi que ce soit ; le mot de passe n'est plus reconnu, sur le profil comme sur le compte Messenger ! il s'agit manifestement de la conséquence d'une intrusion, car je ne veux pas croire que Mark Zuckerberg m'ait banni pour avoir mis en lien l'interview d'Hassan Nasrallah, réalisée il y a plus de vingt-cinq ans, et publiée ici-même le 21 juin dernier, neuf mois après sa mort. Mais l'on ne peut jurer de rien et, comme dans Le Procès , de Kafka, je ne sais pas de quoi Face...

Ma rencontre avec Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah

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Donald Trump s’est donné deux semaines pour décider si oui ou non, il entre en guerre frontale avec l’Iran. Tant de prudence chez lui mérite d’être souligné. Dans l’entretien qu’il m’accordait, en mars 1999, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais, abattu le 27 septembre 2024, identifiait sans détour les États-Unis comme l’ennemi principal : « La vérité c’est que, aujourd’hui, le territoire libanais est occupé par des chars et des véhicules américains ; le peuple libanais est agressé par des avions américains, bombardé par des roquettes américaines. Le tout sur des financements américains. Seuls les soldats et les officiers sont israéliens. Cela veut donc dire que, en vérité, notre ennemi est américain. Et un ennemi ne peut pas parrainer une paix. Les Américains ne peuvent pas être juge et partie. Quand ils renonceront à appuyer Israël, ils pourront prétendre participer, avec les pays et les gouvernements de la région, au règlement des conflits du Proche-Orient....

Charles Palant et les "Malheureux crétins"

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C'est bien connu : «Le temps qui efface tout, n'efface pas le souvenir.» Maman avait fait graver dans le marbre cette pensée et l'avait déposée sur la tombe de Papa. Il y a des flashs comme ça !  Je revois encore Charles Palant debout sur le balcon du deuxième étage du 120 rue Saint-Denis à Paris. L'appartement, qui abritait le siège du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et pour la Paix (le Mrap) avait été en partie soufflé par une explosion, deux jours plus tôt ; attentat revendiqué par un obscur "groupe peiper" qui ne mérite même pas une majuscule. C'était à l'été 1977, joachim peiper avait été abattu quelques semaines plus tôt, à Traves en Bourgogne, où il coulait depuis 1972 une retraite paisible. Ancien officier SS, peiper avait été condamné à mort, en 1946 ; peine commuée en trente-cinq années de détention. Il avait finalement été libéré au bout de dix ans, en 1956. Charles Palant, debout sur le balcon du Mrap, le regard grave, écou...

Pierre Berville : la pompe à fric

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Le bouquin démarre plutôt bien*. C'est l'histoire d'un mec (Pierre Berville) plutôt sympathique (on ne dit plus décontracté du gland). L'action se situe dans les années 70s. Un vent de liberté souffle sur le pays depuis que, dans la foulée de la révolte estudiantine de mai 1968, les Français eurent fait voler en éclat le carcan patriarcal incarné par le général. On croise beaucoup de monde. En fait, on ne croise pas tant de monde que ça tant le monde de la pub a érigé l'entre-soi en vertu cardinale ! Berville nous décrit l'univers de la pub comme une bande de copains… Il en oublie que le lecteur n'en fait pas partie et sa plume ne cherche pas à l'associer à l'histoire. Ça devient vite lassant.  Confiné dans un rôle de spectateur, le lecteur observe ce petit monde qui n'a d'yeux que pour le fric. Pourquoi se prendre la tête nous dit en substance Berville lorsque je peux me remplir les poches en me pointant à l'agence à 11 h un bon pétard d...